[Chapitre 2] : De l'intérêt d'une rencontre pour la neutralité - Ouvert -

Cette idée, elle ne venait pas de lui. Enfin, pas tout à fait. Une personne la lui avait inspirée, une personne qui lui était d’ailleurs très chère et sur qui Preston Lowell, Gouverneur de la station Challenger V, veillait jalousement depuis maintenant près de 21 ans. Vous n’avez toujours pas deviné de qui il s’agissait ? Eh bien, de sa fille bien sûr. Elisabeth Lowell. Adepte de la neutralité et désireuse d’un jour reprendre la place de son père avec ses idéaux, elle lui avait une fois dit, voilà plusieurs années que la meilleure façon de mettre fin à un conflit, c’était d’apprendre à connaître son voisin. Et que pour cela, il n’y avait rien de mieux qu’une rencontre qui ouvrait sur un dialogue et une communication. L’idée avait fait son chemin dans l’esprit du Gouverneur et il en était arrivé à la conclusion que sa fille n’avait pas tout à fait tort, même, qu’elle avait parfaitement raison. Preston dirigeait une station qui se voulait neutre, les Améliorés et les Originels pouvaient y vivre côte à côte, loin du conflit qui était censé les opposer. Il n’y avait donc pas de meilleur endroit que la station pour accueillir une telle initiative.

Au début, l’idée avait presque créé un scandale, chacun étant convaincu que cela se terminerait dans un bain de sang. Qu’une telle rencontre était impossible et que c’était tenter le diable que de mettre face à face de futurs adversaires. Mais, comme c’était souvent le cas lorsqu’il défendait une idée, le Gouverneur avait su se montrer convainquant et avait sorti ses meilleurs arguments. Et moins d’un an plus tard, la station accueillait sa première Rencontre Inter-Institution dans un cadre pédagogique, communicatif et culturel. Cette rencontre consistait à inviter sur Challenger les directeurs de l’Académie et du Collège accompagnés d’une dizaine élèves, volontaires le plus souvent et représentatifs de la communauté de leur établissement pendant quelques jours. Le but de cette rencontre étant de les inviter à visiter la Station ainsi qu’à apprendre à se connaître afin de mettre fin au conflit.

Certes, le Gouverneur savait pertinemment que le conflit ne cesserait pas du jour ou lendemain grâce à cette rencontre mais il demeurait persuadé que l’initiative de sa fille finirait par porter ses fruits un jour. C’est donc un Gouverneur confiant et serein qui consulta une dernière fois son agenda pour vérifier son planning de la journée. Cette année accueillerait la 5ème édition de cette fameuse rencontre et malgré les premières appréhensions légitimes des chefs d’établissement, aucun n’avait clairement refusé la proposition jusque maintenant. En outre, chaque édition s’était toujours bien déroulée. Alors pourquoi en serait-il autrement cette année ?

Le Gouverneur quitta ses appartements non sans avoir vérifié dans son miroir que sa tenue était irréprochable et il gagna son véhicule, une voiture aérodynamique équipée d’un moteur à propulsion inverse. Spécialement adaptée à l’environnement de la station, elle se déplaçait silencieusement en suspension grâce à un astucieux système qui avait permit d’annuler la gravité lors du déplacement de la voiture. En route, il passa un appel directement transmis sur l’appareil de son assistant

"Carter, je vous rejoints dans 10 minutes, nos hôtes de devraient plus tarder à arriver"

Puis, il rangea son portable et prit la direction du spatioport. Il connaissait son assistant et lui faisait confiance, il savait que celui-ci serait à l’heure car il avait appris depuis longtemps que le Gouverneur veillait à l’image de la station ainsi qu’à son acceuil.

Trois ans déjà... Le regard légèrement perdu dans son propre reflet que lui renvoyait le miroir de sa salle de bain, Elisabeth se disait que cela faisait déjà trois ans qu'elle s'était vu chargé d'accueillir les groupes d'étudiants venant du Collège et de l'Académie. Bien entendu, elle aurait aimé le faire des la première année, mais elle n'avait alors que seize ans et son père avait jugé préférable de ne pas la laisser prendre cette responsabilité. Après tout, une grande majorité des élèves lui était bien supérieur en âge à ce moment là, et il craignait, peut-être à juste titre, que la jeune fille ne puisse gérer des égo parfois mal placé, mais au final tellement humain. Alors, Elisabeth avait attendu ses dix-neuf, avant de participer personnellement à cette idée qu'elle avait elle-même insufflée à son gouverneur de père. Il fallait bien l'avouer, Elle en était assez fière de ce qui était devenu un rituel incontournable de la station. Même si il n'y avait pas encore de résultats probant sur les relations entre les originels et les améliorés, Elisabeth ne perdait pas espoir... Après tout, cinq ans ce n'était même pas encore une promotion complète de l'une ou l'autre des deux institutions. De plus, même si il y avait eu quelques difficultés inévitables entre certains élèves les deux premières années, force était de reconnaitre que les années suivantes avaient été assez calme. En cela, Neilina Lowan et son homolgue, Alexander Truthwood, jouait parfaitement le jeu. En même temps, la jeune fille n'en attendait pas moins de deux directeurs pleinement responsable de la réputation de leur institution respective.

Pourtant, quelque chose troubla quelque peu Elisabeth cette année, tandis qu'elle se détacha de son miroir après s'être fait une ultime beauté pour accueillir leurs visiteurs. En effet, Neilina Lowan ne serait pas présente cette année, pour une raison qu'elle n'avait pas vraiment compris. Il semblait que cette dernière avait préféré déléguer son autorité à son adjointe, une certaine Raven Darkhölm. Elisabeth n'avait pas eu le temps de se renseigner longuement sur cette femme, et cela l'inquiétait un peu à vrai dire. En effet, une inconnue dans une équation aussi fragile était toujours un problème en puissance, et la jeune femme espérait bien que cette nouveauté ne viendrait pas gâcher ce qu'elle considérait comme étant une véritable réussite en matière de cohabitation inter-raciale, fut-ce l'espace de quelques jours seulement. Une dernière touche de rouge à lèvres, et voilà que la jeune "maitresse de maison" franchit la porte de ses appartement situé dans les quartiers du gouverneur d'un pas décidé, afin de rejoindre sa voiture ou elle s'engouffra rapidement. En dépit des apparences, Challenger V n'était pas aussi grande que pouvait le laisser supposer un regard éxterieur, et Elisabeth en connaissait les moindres raccourci. Calme et décidé, elle fila à toute allure en direction du spatioport ou elle attendrait patiemment l'arrivée de la navette qui amènerait les heureux élus dont elle aurait la charge cette année encore. Pour plus de partialité encore, il avait été décidé que ce serait une navette de la station qui se chargerait d'aller chercher les élèves et leurs accompagnateurs, dans leurs écoles respectives. Pour Elisabeth, tout devait commencer depuis le départ, et non pas uniquement une fois sur Challenger V.

Après un court voyage, la jeune femme arriva enfin à bon port. Elle se gara sur le parking, et rejoignit d'un pas empressé le tarmac d'ou l'on pouvait voir atterrir les navettes. Surplombant l'aire d'atterrissage du haut de la passerelle d'observation, Elle soupira longuement, se demandant bien qui elle allait devoir prendre en charge cette année. Autant par jeu que par réelle impartialité, Elisabeth avait toujours refusé de savoir à l'avance qui elle alllait accueillir... Originels, Améliorés... Cela était toujours une surprise pour la jeune femme...

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Carter Jones, adjoint du Gouverneur Lowell, 33 ans

Lorsqu’il reçut l’appel du Gouverneur dans son communicateur, Carter Jones était prêt et déjà confortablement installé dans son véhicule, en direction du spatioport. Il confirma la réception du message et continua sa route. En tant qu’adjoint, il connaissait bien le Gouverneur pour savoir que celui-ci ne lui pardonnerait aucun écart durant cette journée. Pour autant, Carter n’était pas inquiet. Il avait déjà accueillit plusieurs fois l’évènement, sans rencontrer de problèmes majeurs. Et puis, il ne fallait pas oublier que le jeune homme était d’un naturel assez fier et qu’il se ferait, tout comme le Gouverneur Lowell, une priorité pour que tout se déroule bien. Après tout, il en allait également de sa carrière au sein de la Station.

Le trajet ne dura quelques minutes et quand il posa le pied sur le tarmac du spatioport, Carter s’assura que son costume demeura impeccable avant l’arrivée des hôtes. Il lissa les plis de sa veste, réajusta sa cravate et s’admira dans le rétroviseur du véhicule.

*Parfait*

D’un pas rapide, il rejoignit la passerelle d’où l’on pouvait attendre les voyageurs et surtout admirer l’atterrissage des navettes. Il aperçut alors au loin la jeune Elisabeth Lowell, la fille du Gouverneur, à peu près aussi célèbre que son cher paternel pour ses idées qu’elle tentait déjà de véhiculer malgré son jeune âge. A peu près aussi ambitieux l’un que l’autre, le courant n’était pas toujours bien passé entre ces deux jeunes personnes, mais avec le temps, ils avaient bien du apprendre à cohabiter, étant donné qu’ils se croisaient au moins une fois par jour dans le bureau du Gouverneur.

Carter rejoignit la jeune fille d’un pas sûr, affichant son habituelle allure d’homme déterminé à qui il ne peut rien arriver, et prêt à tout renverser sur son chemin. Arrivé à sa hauteur, il la salua le plus amicalement possible.

"Bonjour Elisabeth, je vois que tu m’as devancé de quelques minutes"

Il ouvrit son attaché case et en sortit une feuille qu’il tendit à la jeune fille qui parut surprise.

"Le planning de la journée..., précisa Carter, accompagné des recommandations d’usage de ton cher père. Bien que je doute que tu en aies réellement besoin"

Car si Carter était quelqu’un d’ambitieux et extrêmement pointilleux, il savait que la jeune femme l’était à peu près tout autant que lui.

"Bien. Je suppose que tu ne sais pas encore qui tu vas accueillir. Je t’annonce donc que tu auras la charge cette année de l’Académie, représentée exceptionnellement par sa directrice adjointe, Raven Darkhölm. Neilina Lowan ayant du apparemment s’absenter".

Carter jeta un rapide coup d’œil autour de lui pour juger de l’importance de la foule et surtout s’assurer que la sécurité demeurait sur ses gardes. Il n’y avait jamais eu la moindre attaque contre cette rencontre, mais on n’était jamais trop prudent. Surtout avec le climat actuel et le récent attentat survenu à Odyssée, quelques semaines auparavant.

"Ils ne devraient plus tarder, la navette en provenance de la Terre est annoncée au transit des arrivées, niveau B. Celle de Sélénopolis, niveau A. Rendez-vous dans le hall des arrivées dans une demi-heure"

Et il laissa la jeune demoiselle seule, ne souhaitant pas arriver en retard à son lieu de rendez-vous.

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Quelques indications dont il faut tenir compte : merci de laisser poster en début de tour Raven et Alexander, ensuite vous pourrez intervenir, dans l'ordre que vous souhaitez. Dans un premier temps, nous sommes dans un même topic mais vous l'aurez compris, le Collège et l'Académie n'arrive pas au même niveau, vous ne pouvez donc pas savoir ce qu'il se passe pour l'autre groupe. Une fois le tour commencé, c'est comme pour l'entraînement, un post par tour. Vous pouvez décrire votre départ, le voyage votre arrivée, mais n'allez pas plus loin que votre transit. Voilà^^

Une rencontre en terrain neutre... cette idée du gouverneur Lowell lui avait été, selon la rumeur, inspiré par cette gamine à peine adulte, qui lui servait de fille. C'était bien là une idée sotte, et qui témoignait parfaitement de la naïveté de ceux qui vivaient en complète autarcie dans cette écœurante station qui faisait honte aux originels conscient de la réalité de la situation. A force de vivre replié sur eux-mêmes, les Orbitaux de Challenger V avaient fini par se construire un monde totalement utopique en négligeant le monde réel. Ils n'étaient que des faibles, qui finiraient assurément de manière tragique lorsque la confrontation entre les Originels et les Améliroés arriverait à son paroxysme. Cependant, et même si le projet Méta n'avait pas besoin de ces idiots pour vaincre ces tares génétiques issus de la bêtise d'un seul homme, il fallait toutefois bien reconnaitre que Challenger V était importante d'un point de vue purement stratégique. En effet, la station se trouvait plus ou moins à égale distance de la Terre et de Lune, ce qui en faisait un avant-poste des plus primordial dans la guerre contre ces vermines eugéniques. Il fallait donc ménager le gouverneur Lowell, afin que le moment venu il se rappellent qui il était véritablement. Un originel pure souche, comme elle.

Raven poussa un soupir de lassitude en finissant de revêtir le tailleur noir qu'elle allait porter aujourd'hui. Plutôt que pour une chemise blanche, elle avait opté pour un bustier en soie à la couleur carmine, que l'échancrure du col de sa veste laissait apparaitre. Sa jupe légèrement moulante lui arrivait à mi-cuisse, et une paire d'escarpins aux vertigineux talons aiguilles, achevait de compléter les ténèbres de son tailleur haut de gamme. Même si elle n'avait pas vraiment le temps d'user de sa séduction qu'elle savait grande, du fait de son rôle de sous-directrice de l'Académie, Raven mettait toutefois un point d'honneur à ne jamais se laisser aller à se vêtir comme toues cs femmes qui pensaient qu'il suffisait de mettre un pantalons en toile bon marché et des souliers, pour être élégantes. Elle, était bien au dessus de ces femmes... Elle, était une dame, une vraie. Après un maquillage rapide du à des années et des années d'éxperience la matière, Raven se coiffa tout aussi rapidement . Elle laissa ses long cheveux noir de jais pendre le long de son dos, laissant ses pointes uniformes flirter avec les rondeurs de ses fesses. Seule, une poignée de cheveux tiré de part et d'autre de ses tempes, se démarquait grâce à une barrette argenté finement ciselé d'entrelacs sinueux qui les liaient en une bande descendante aux multiples ramifications capillaires. Un dernier regard dans le miroir, et voilà... Elle était fin prête à accompagner ses élèves à ce stupide rendez-vous annuel...

C'était la première année qu'elle s'occupait de ce voyage d'ailleurs. Les années précédentes, C'était Neilina qui en assumait la charge, tandis que elle-même demeurait à l'Académie afin de tenir seule les rênes de l'établissement. Mais cette fois-ci, la directrice lui avait demandé de la remplacer et bien évidemment Raven avait acceptée... A conte-coeur, mais elle avait acceptée. Ce séjour n'avait cependant pas uniquement que des désagréments, car elle savait que Eve s'y trouvait aussi. Celle-ci était en mission pour les Nouvelles Nartions-Unis, et elle ésperait que peut-être elles auraient l'occasion de se rencontrer afin de discuter quelque peu de vive voix. Après tout, cela n'était encore jamais arrivé en dépit du temps passé depuis l'arrivée de la Méta à Black Hole. Mais pour le moment, Raven quitta ses appartements et se dirigea de son habituelle pas inflexible en direction du hall d'accueil de l'Académie ou l'attendaient tous les élèves sélectionnés cette année. Il y avait des représentants de chaque année, de la première à la sixième, et tous se redressèrent en entendant le claquement sec de ses talons aiguilles sur le sol. Raven n'était pas vraiment une sous-directrice sévère, tout au moins guère plus que la directrice elle-même, mais elle tenait cependant à garder une certaine strict'itude vis-à-vis des élèves. Après tout, la plupart finiraient dans les forces armées ou bien encores dans celles de l'ordre, et par conséquent elle pensait qu'ils devaient prendre immédiatement des bonnes habitudes.

Après avoir fait l'appel et vérifié l'identité de tout un chacun grâce à son agenda tactile, elle leur demanda de la suivre jusqu'au transport de l'Académie situé dans le parking souterrain de l'établissement, qu'elle avait réservé pour leur transport en direction de l'astroport. Cette vérification d'identité était des plus fastidieuse, mais elle était obligatoire car les années précédentes certains élèves, peu désireux de participer à cet évènement, avaient réussi à suibstituer d'autres élèves sous leurs propres identités. Les coupables avaient été bien entendu sévèrement réprimandé, et désormais ce genre de tromperie était devenu une chose impossible. En tant que futurs adultes, les élèves de l'Académie se devaient aussi de faire des choses qui, parfois, ne leur plaisait pas vraiment. Raven en était d'ailleurs un parfait exemple, elle qui aurait tout fait pour ne pas avoir à se rendre sur Challenger V et faire semblant d'apprécier cette initiative des plus humiliante qui la rabaissait au même niveau que cette sous éspèce qui entachait la pureté des Originels. Une fois à l'astroport, ils embarquèrent tous rapidement à bord de la navette envoyé par le gopuverneur Lowell, qui s'envola dans l'espace afin de le emmener à destination. Le voyage se passa sans ecombre, et Raven s'autorisa un peu de relâchement assise au fond de la navette, un peu à l'écart des élèves qui, ne devaient surement pas regretter son éloignement volontaire.
Lorsque Challenger V fut enfin en vue, la sous-directrice quitta son siège et vint se placer au devant de ses élèves afin de leur faire ses dernièrs avrtissement d'usage...

"Ecoutez moi tous chers élèves...Nous allons atterrir sur Challenger V d'ici quelques minutes et je tiens à mettre les choses au point tout de suite : Au cours de ce séjour vous représenterez l'Académie, et par conséquent j'attends de vous un comportement exemplaire afin que nul reproche ne puisse nous être fait par la suite. Si toutefois cela devait arriver, sachez que l'Académie ne sera pas la seule à subir le contrecoup de votre comportement irresponsable. Tant que vous demeurerez sur Challenger V, votre responsabilité sera tout autant personnelle que collective. Cela signifie que vous êtes responsables les un des autres, au même titre que si vous étiez dans les forces l'armée. Faites donc très attention à votre attitude, mais profitez tout de même au mieux de cette expérience unique qui vous est offerte. Bien entendu, si vous avez le moindre problème je reste à votre écoute et je ferais de mon mieux afin de vous aider à y mettre fin... Passez un bon séjour sur Challenger V, et surtout amusez-vous !"

Pas peu fière de son discours, pourtant écoeurant d'hypocrisie au gout de Raven, la jeune femme retourna ensuite à sa place afin d'attendre que la navette atterrisse. Les élèves savaient que en dépit de sa relative gentillesse, la sous-directrice n'hésitait jamais à user de la sévérité lorsqu'elle considérait que cela était nécessaire. La navette se posa enfin sur le tarmac, et Raven fut la première à descendre suivi de près par les élèves. Sa valise anti gravité à ses côtés, la jeune femme observa ces derniers descendre l'un après l'autre sur le sol de métal de la station, tout en jetant un regard circulaire tout autour d'elle afin de repérer celui ou celle qui devait les attendre à leur arrivée...

Si au départ, il n’avait pas été franchement convaincu par cette… pour le moins surprenante idée, Alexander s’était prêté au jeu plus ou moins de bonne volonté avec le temps. Il n’avait pas le choix de toute façon. S’il refusait la proposition de rencontre, cela serait prit comme un affront et au vu des évènements, le Directeur savait qu’il suffisait de peu pour re-déclencher des évènements sanglants. Et puis, Neilina Lowan s’était également prêtée au jeu depuis le début, alors pourquoi pas lui ? C’était la fille du Gouverneur qui avait, paraît-il soufflé cette idée à son père et Alexander ne put s’empêcher d’admirer à quel point ce dernier avait réussi l’éducation de sa fille en lui insufflant sa vision des choses. La voir ainsi prôner ses idées au sortir de l’adolescence devait demeurer une belle récompense pour le Gouverneur.

Alexander s’assura une dernière fois de sa tenue devant son miroir –il se devait d’être absolument irréprochable- puis il rejoignit ses élèves dans le hall d’entrée du Collège. Fort heureusement pour eux, ils étaient tous prêts et attendaient le directeur dans un silence religieux. Alexander se permit néanmoins de leur rappeler deux ou trois importants avant leur départ.

"Bien, nous partirons d’ici quelques minutes. Une navette nous attend à Sélénopolis, envoyée spécialement par le Gouverneur. Inutile de vous rappelez qu’aucun écart de conduite de votre part ne sera toléré. Vous portez sur vos épaules le prestige de notre institution durant ce jour, j’attends de vous, jeunes gens, une attitude irréprochable. Il vous est donné l’occasion d’apprendre à connaître des élèves de votre âge, profitez-en. Et montrez-vous à la hauteur des attentes du Collège"

Le Directeur se devait d’afficher un certain optimisme face à ses élèves. Mais en réalité, il lui arrivait de douter. Cela servirait-il vraiment à quelque chose ? N’était-ce point là encore des efforts vains et inutiles, qui auront tôt fait d’être oubliés dès le prochain attentat ? L’adage voulait que l’on craigne la différence. En permettant aux deux peuples de se rencontrer, on pouvait tenter d’ouvrir le dialogue et la communication. Mais les Originels et les Améliorés étaient-ils seulement capables de s’entendre ?

C’est sur cette grande interrogation que se déroula le voyage jusque Challenger. Au fond, Alexander ne détestait pas les Originels, du moins pas tout à fait. Certes, il ne pouvait s’empêcher de les mépriser de prime abord mais son statut d’homme sage ne souffrait pas à ce point de cécité. Il était bien conscient que certains désiraient, tout comme une partie de la nation Améliorée, voir ce conflit enterré pour de bon. Au moins, la Directrice de l’Académie semblait adopter un point de vue similaire. Peut-être finiraient-il un jour par s’attendre, au moins sous la forme d’accord diplomatique et de traité de non agression…

La navette s’arrima en douceur au spatioport de Challenger et la troupe du Collège put descendre à bord de la station. Durant le voyage, Alexander avait reçut sur son communicateur des indications quant aux modalités du séjour, notamment que quelqu’un les attendrait pour les emmener au lieu de rencontre commun.

"Votre attention, s’il vous plaît ! La personne chargée de nous accueillir ne devrait plus tarder, veuillez me suivre, nous allons l’attendre ici, annonça-t-il aux élèves en se dirigeant au niveau A des arrivées. N’oubliez pas… je veillerai personnellement à sanctionner la moindre encartade de votre part", acheva de les prévenir le Directeur

Alexander était un homme calme, ce n’était un secret pour personne, mais tous n’était pas sans savoir non plus que ses colères, aussi rares soient-elles, demeuraient… impressionnantes. Mieux valait ne jamais énerver ce cher Directeur…

Alors qu’une silhouette pressée se profilait dans son dos, Alexander décida d’adoucir légèrement la tension. Après tout, être sévère ne l’empêchait pas d’être humain.

"Y en a-t-il parmi vous qui ne sont jamais venus sur Challenger ?"

Naos était entré dans la navette sans un regard pour les autres. Il se sentait de plus en plus différent d’eux et ne souhaitait pas être montré du doigt alors que leur groupe s’éloignait du Collège. Il savait qu’il ne devait pas entrainer de problèmes pour le groupe ou il pourrait très bien se retrouver nettement moins libre et même éventuellement se faire renvoyer. Il s’installa donc sans un mot et passa le voyage à regarder les étoiles défiler.

Connaître les autres élèves ? Dans quel but exactement ? Il se doutait bien que cette rencontre n’était certainement pas faite uniquement pour que l’entente entre les différents peuples se crée. On disait bien qu’il fallait que le changement démarre par les nouvelles générations, mais Naos réfléchissait et était pratiquement certain qu’il y avait autre chose. Mais quoi, impossible de le savoir tant qu’ils ne seraient pas sur Challenger.

Et même une fois arrivés, s’ils restaient groupés avec un guide, aucun moyen de savoir exactement ce qui se passait. En parlant de ça, il fallait qu’il sache quelque chose de supplémentaire avant de rencontrer les autres élèves et surtout avant l’arrivée de leur guide.

Le directeur lui fournit justement l’occasion qu’il désirait lorsqu’il prit la parole. Bon, l’intervention que Naos prévoyait n’était pas dans le même domaine que la question posée, mais pour faire honneur au Collège, il devait être au courant. Il se doutait qu’il ne devait pas formuler sa question sous cette forme. Sinon, il entendrait immédiatement certaines moqueries. Et il ne voulait pas être énervé avant cette rencontre.

- Monsieur le directeur, la question serait plutôt à mon sens de savoir qui a déjà visité la station.

Il sentit immédiatement les regards posés sur lui et il eut l’impression de rougir. Mais il refusait de se sentir visé. Jamais il ne deviendrait la cible des moqueries gratuites des autres. Il savait qu’il devait poursuivre avant que quelqu’un ne fasse un commentaire, mais il ne voyait pas comment faire le lien entre ce qu’il venait de dire et ce qu’il voulait réellement demander au directeur.

Il se devait de poursuivre et éventuellement de changer de point de vue… Oui, cela pourrait peut-être payer.

- Je vous prie de m’excuser, mais je crois que le stress de cette rencontre est plus important que prévu. Je veux dire, comment souhaitez vous que nous nous comportions face aux autres élèves ?

Il redressa la tête et regarda l’homme droit dans les yeux. Il n’était pas stressé, mais il n’avait pas trouvé d’autre excuse à son interruption précédente. Il se devait d’agir avec prudence s’il voulait que la situation soit la plus calme possible. Le directeur sembla se demander que répondre à cette interrogation et Naos sentit sa gène. Oui, c’est bien ce qu’il pensait, le directeur n’était pas un extrémiste qui souhaitait la mort de tous les Originels.

- De la manière la plus respectueuse que vous pouvez leur offrir, mon cher Naos.

Il entendit le rire dans son dos et ne se retourna pas. Il ne devait pas leur faire ce plaisir. Il resta debout, droit, sans se retourner. Il ne réagit pas et attendit que quelqu’un d’autre parle. Si possible pour se moquer de lui, du moins il le sentait.

S'il avait su que la ravissante sous-directrice qui accompagnait avec lui ce "voyage scolaire" d'un genre un peu particulier était au courant pour les Métas, Lawrence aurait sûrement eu beaucoup plus de mal à se concentrer sur les autres pensées qui lui venaient. Dont une en particulier : pourquoi avait-il choisi d'arborer l'une de ses éternelles tenues de combat ( ce qui révèle une partie du mythe : pour être toujours propre, le "truc" de Lawrence, c'était d'en avoir plusieurs, tout bêtement ) ? Le noir, c'était bien, parce que c'était passe-partout, et qu'en plus cela dissuadait un certain nombre d'importuns de venir vous ennuyer avec leur prose incongrue. Ce devait être la raison de son choix, avec l'utilité incontestable de ce genre de vêtements. Et tant qu'il en était à penser fringues, le regard du professeur se posa délicatement sur l'autre responsable de l'Académie qui avait la lourde charge de conduire ce voyage, à savoir Raven. Elle ne se déguisait pas en militaire borné, elle. D'une certaine façon, ils pourraient jouer au bon et au mauvais flic.

Réprimant un accès de rire derrière un sourire qui resta figé sur ses lèvres, Lawrence écarta cette idée-là. Ils n'étaient pas sur Challenger V en mission commando, bien au contraire. Il devait donc éviter de penser à des techniques peu orthodoxes d'interrogatoire : ce serait mal vu lors d'une rencontre où on leur prêcherait la réconciliation entre Améliorés et Originels...Là encore, l'humour de la situation ne lui échappa pas, et cette fois-ci, Lawrence ne se retint que modérément, laissant échapper de courts souffles de ses narines, alors qu'il levait la tête vers le plafond de la navette. Comme il était assis au beau milieu des élèves, cela ne put leur échapper. Mais il ne fit aucun commentaire : faire gamberger ces charmantes têtes blondes était un plaisir incomparable, et qui plus est, cela entretenait sainement tout leur potentiel intellectuel. Ses doigts se mirent à galoper sur un accoudoir, et L.L.L. finit par se décider à se lever. À ce moment précis, la délicieuse sous-directrice tint le discours qu'il voulait asséner à ses ouailles, ce qui lui fit penser qu'il n'était pas le seul à cacher ses vraies pensées dans la navette.

Enfin, cela l'amenait à réfléchir, une activité qui constituait une bonne partie de ses loisirs depuis qu'il avait été retiré des équipes opérant dans le secret le plus complet. Alors qu'il laissait ses pensées vagabonder, la main de Lawrence se promena négligemment sur les médailles qui ornaient sa poitrine. Des récompenses attribuées par l'armée des Originels pour ses actions contre les Améliorés. Même si ce n'était pas écrit dessus, il était facile de se dire qu'un homme de trente-et-un ans n'aurait pas atteint son grade et récolté autant de décorations s'il n'avait pas fait un peu plus que la moyenne...Oui, ces médailles étaient bien à leur place. Juste pour voir la réaction des Améliorés face à quelqu'un qui leur dirait simplement, sans animosité, mais avec la conviction qui anime ceux qui sont sûrs d'être dans leur bon droit : "Je vous considère comme des erreurs que je ne fais que corriger."

Penser à des médailles, cela prend du temps, et alors qu'il sombrait dans un état proche du sommeil, les réflexes du Commandant furent activés par les signaux discrets mais bien présents qui indiquaient que le voyage touchait à son terme. Se levant juste avant l'atterrissage, Lawrence prit à son tour la parole, d'une voix enjouée.

" Ce sera en grande partie de la redite, jeunes gens, et je n'ai pas l'art oratoire de Miss Darkhölm...Cela dit, je tient à apporter ma petite touche personnelle. Je ne suis pas un type très subtil quand on déshonore une institution comme l'Académie. En fait, disons que cela pourrait même me mettre vraiment en colère, et ça fait longtemps qu'on ne m'a pas vu dans cet état. Je compte sur vous pour l'éviter. Pour votre propre sécurité. Ce à quoi je rajouterai un petit conseil : ne répondez pas à la provocation. Ce genre d'armes n'est à mettre qu'entre les mains d'adultes qui sont au clair quant à leur situation, pas entre celles d'étudiants, même aussi talentueux que vous. "

Puis l'atterrissage vint illustrer de façon physique ses propos, et alors que Raven se dirigeait vers la porte de sortie de la navette, Lawrence s'écarta galamment, lui glissant quelques mots au passage.

" Vous êtes tout-à-fait ravissantes aujourd'hui, d'ailleurs. "

Un sourire se joua encore des lèvres du Commandant, puis s'effaça lentement alors qu'il descendait et prenait pied sur Challenger V. Un masque plus conventionnel prenait place sur son visage. Un masque qui disait "Je suis représentant de l'Académie, et heureusement pour vous, sinon j'aurais déjà été désobligeant." Lawrence resta à l'arrière du groupe, un sac militaire sombre bien ancré sur son épaule : élevé dans l'idée qu'on devait se donner la peine de bien faire les choses, il ne désirait pas céder à la mode des valises anti gravité et autres gadgets évitant de se fatiguer à porter ses bagages. Et puis, il faut bien le reconnaître, porter soi-même ses affaires, c'était autrement plus viril.

Laura tournait en rond dans sa chambre depuis presque deux longues heures maintenant, impatiente de partir pour la visite. C’était la première année qu’elle était choisie et il lui était fort difficile de cacher sa hâte d’être sur Challenger. Elle trouvait l’idée de cette visite brillante et depuis qu’elle en connaissait l’existence, elle avait tout fait pour au moins en faire partie une fois. Cette année fut la bonne ! Bien que la Station ne lui soit pas totalement étrangère pour y être déjà allée quelque fois avec sa famille, mais aujourd’hui c’était différent. Le cadre demeurait tout autre qu’une visite familiale et surtout les objectifs de cette rencontre s’annonçaient pour le moins constructifs. Si tant est que les deux parties jouaient le jeu bien sûr. Mais aux échos qu’elle en avait eu les années précédentes, il n’y avait pas vraiment eu d’accidents majeurs, à peine quelques petits ‘accrochages’ quasi inévitables lorsqu’une bande d’adolescents se rencontrent.

La jeune fille vérifia son sac à dos pour la énième fois. Elle avait tout. Et puis, elle ne partait pas au bout du monde non plus. Ben oui, pour les jeunes du XXIVe siècle, se rendre dans l’espace c’était presque devenu une banalité. Un peu comme faire un aller-retour à la mer. Lorsque l’alarme de son réveil se déclencha, Laura n’était déjà plus dans sa chambre. Elle dévala les escaliers de l’Académie à toute allure et arriva dans le Hall de l’Académie… la première. Bon, au moins, on ne pourrait rien lui dire sur sa ponctualité pour une fois. Heureusement, celui-ci se remplit rapidement et Laura ne dut pas affronter trop longtemps le tête à tête avec la sous-directrice qui rejoignit Laura dans le Hall quelques minutes après elle. Parmi les personnes qui suivirent son arrivée, il y avait Tristan. Ils étaient dans la même classe depuis la première année et malgré l’air absent que le jeune homme semblait afficher en permanence, Laura l’appréciait beaucoup. D’ailleurs, elle le gratifia de son plus beau sourire lors de son entrée dans le Hall et ne tarda pas à le rejoindre, la jeune fille demeurant fort peu désireuse de faire le voyage en compagnie de sa sous directrice.

"Salut Tristan, prêt pour le départ ? Remarque, toi aussi, tu sais déjà un peu ce qu’il y à voir là-bas"

Car fidèle à elle-même, la demoiselle fut l’une des premières à lui avoir arraché les vers du nez pour en savoir un peu plus sur ses origines lorsqu’ils s’étaient présentés à leur arrivée en première année. Tristan avait bien entendu tenté de résister, mais il avait bien vite du renoncer, s’il ne voulait pas se voir affublé d’une seconde ombre qui le suivait partout. Il s’était donc un peu ouvert à la jeune fille, dans la limite du raisonnable, tout en veillant à la satisfaire de ses réponses. Mais il n’avait pu lui caché sa mixité bien longtemps, car Laura, envahissante au possible n’en était pas moins stupide. Cependant, si la jeune fille était un véritable moulin à paroles, il lui arrivait de pouvoir tenir un secret. La menace de subir un sort peu enviable aidant aussi légèrement…

Tristan, comme à chaque fois que Laura arrivait près de lui se méfia –après tout, on ne pouvait jamais être certain de ce qu’elle préparait – mais il se détendit bien vite, voyant qu’il n’y avait aucune raison de s’affoler et lui rendit son sourire.

"Oui, je pense qu’on ne devrait plus tarder d’ailleurs, j’espère simplement que tout se passera bien…"

Laura nota le ton légèrement angoissé de Tristan mais n’eut pas le temps de relever car on les appelait pour l’embarquement. La navette les attendait sur la piste et le groupe monta à bord. Quelques minutes plus tard, celle-ci traversait déjà l’atmosphère en direction de la Station. Comme toujours, Laura fut frappée par la durée du voyage qu’elle trouvait de plus en plus courte à chacun de ses voyages. Peu avant leur arrivée, la sous directrice leur récita son discours et Laura ne put s’empêcher de se demander si la jeune femme pensait vraiment tout ce qu’elle leur disait. Le contraire aurait été fort étonnant, vu la place qu’elle occupait au sein de l’Académie. Et puis, un courant d’air-artificiel- accompagné d’un signal sonore balaya sans cérémonie ses interrogations lorsqu’un technicien de la station ouvrit le sas de la navette. Il salua poliment le groupe et les invita à descendre. Le professeur qui les accompagnait, Mr Lloyd les mit également en garde contre leur attitude et Laura qui avait toujours apprécié son professeur se promit de tout faire pour ne pas l’énerver. Elle ne tenait pas vraiment à cacher l’image ‘cool’ qu’elle avait de lui…

Lorsqu’ils posèrent leurs pieds sur la piste de métal, une silhouette féminine s’approchait d’eux d’un pas pressé. Le groupe s’éloigna de la navette et le technicien leur fit signe d’attendre l’arrivée de leur guide. Il désigna la silhouette qui arrivait avant de retourner sur la piste pour acceuillir la navette suivante. En attendant, Laura demanda à sa voisine qui n’était autre que Selwyn :

"Et toi, tu es déjà venue ici ?"

Mathias avait failli rater le départ. Il faut dire qu’il avait des copies à corriger et que cela ne se faisait malheureusement pas tout seul. Oh, il aurait pu mettre une note représentant la mentalité de ses étudiants sans difficulté, mais l’idée même d’une note suite à un devoir ou examen quelconque lui paraissait tellement stupide qu’il remettait toujours ses corrections au lendemain. Et à force de procrastiner, il se retrouvait toujours en retard. Mais bon, que les élèves attendent leur note quelques jours ce n’était pas mortel pour eux quand même !

Cette fois, il avait fait tout son possible pour les corriger avant le départ pour Challenger afin de pouvoir les donner aux élèves lors du voyage. Cela les remettrait dans le droit chemin de voir que quelqu’un les surveillait et les laissait sous surveillance. Il ferma les yeux en montant dans la navette qui les conduirait sur Challenger et il fit même un petit somme avant que le directeur ne prenne la parole pour demander qui n’avait jamais mis les pieds sur Challenger et il faillit répondre qu’il faisait partie de ces malchanceux, mais se reprit au dernier moment. Quelle idée aussi de se retrouver prof à l’endroit où on a été élève !

Il attendit que quelqu’un parle et c’est une voix encore enfantine qui se fit entendre. Naos Anoukis, un petit gars pas trop mal, un peu faible en pratique mais avec un esprit affuté. Cela pourrait lui servir plus tard, il suffisait qu’il reste suffisamment longtemps. La question n’était pas idiote, mais un peu insolente et Mathias s’avança pour que l’étudiant le voie bien. Et avant même qu’il n’ait eu le temps de lui demander de s’excuser, le gamin prit les devants et présenta ses excuses tout en enchaînant du mieux qu’il pouvait. Bon, on pourrait en faire quelque chose, si les petits cochons ne le mangeaient pas d’abord bien entendu. Il repassa mentalement les notes du garçon lors de la dernière évaluation et se dit que oui, on en ferait quelque chose.

Puis, il écouta la réponse du directeur et se dit que ce dernier n’était pas très gentil avec l’étudiant. Bon, il se faisait peut-être des idées, mais la réponse était des plus claires et surtout tout le monde aurait pu la deviner, ce qui mettait l’enfant dans une position assez délicate. Il refusa que ce garçon soit montré du doigt, ce n’était pas par favoritisme, mais par soucis d’égalité. Ils allaient devoir faire des efforts du côté des Originels, ils pouvaient bien en faire du côté de leurs camarades. Il regarda donc chaque élève dans les yeux avant de prendre la parole.

- Monsieur le Directeur, vous nous demandez donc d'être maîtres de nos émotions et de nos sentiments face aux Originels. Je pense qu'il suffit aux plus extrémistes de se dire qu'ils sont en mission d'infiltration et aux autres de tout simplement en profiter pour se faire de nouveaux amis.

Les réactions furent diverses suite à ce discours qui pouvait passer pour novateur. Il regarda les élèves et vit directement que cela posait problème à un certain nombre d’entre eux. Zacharie entre autres grimaçait à cette perspective, quelle belle éducation il avait du avoir pour agir de la sorte ! Sa voix ne tarda pas à se faire entendre. Plus grave et plus mature que celle de son camarade.

- Je suis sûr, en effet, que cette rencontre offrira la perspective de rencontres... très riches en rebondissements pour l'évolution de notre situation actuelle.

Encore un excellent élément et un garçon plein de promesses, si bien entendu, il parvenait à se libérer de certains préjugés. Mathias se tourna vers le directeur pour avoir son aval. Et il l’obtint avec un petit sourire en prime.

- Je n'aurais pas mieux dit moi-même, voilà qui résume assez bien le fond de ma pensée, mon cher Mathias.

Il se tourna alors vers les autres élèves attendant une réaction. Ce fut encore une fois Naos qui parla sous les regards moqueurs des autres. Ce garçon était trop impulsif à parler devant les autres. Il voulait leur montrer son utilité, mais pour le moment, aux yeux des autres, il risquait de passer pour arrogant.

- Professeur, dans ce cas que pensez-vous de nous mêler aux Originels dès que l’occasion nous sera donnée ? Après tout, on pourra trouver un terrain d’entente sur des sujets basiques comme Challenger et sa technologie par exemple.

Mathias regarda son élève un peu plus longuement encore et se demanda pourquoi ce garçon était un Amélioré et pourquoi il était au Collège ? Surtout avec ces idées, il pouvait se faire haïr des autres, ou bien c’était un jeu dangereux auquel il jouait et il était plus courageux qu’il n’aurait dû l’être. Le professeur poussa un petit soupir ennuyé en avisant les regards furieux se poser sur le garçon et il décida de mettre un terme à ses suggestions.

- Nous verrons ce que les dirigeants de Challenger nous ont préparé, vous ne croyez pas que ce serait le plus sage pour le moment ? Mais cette idée est intéressante et je compte en faire part à mon collègue de l’Académie, cependant je ne peux qu’avoir l’espoir que cette rencontre se déroulera calmement de part et d’autre. L’amitié n’est peut-être pas encore au rendez-vous avec eux.

Il regarda tour à tour les élèves et se dit que oui, ce n’était pas gagné !

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